L’Organisation des nations unies (ONU) a rendu public son rapport annuel sur la situation de la faim dans le monde. Selon ce rapport, les données les plus récentes confirment une progression de la faim dans le monde, alors que celle-ci avait longtemps reculée, et l’on assiste donc à une inversion de la tendance.
Le rapport indique que la faim est en hausse depuis ces trois dernières années, marquant de ce fait une régression vers les niveaux enregistrés il y a près de dix ans. Ce sont quelques 821 millions de personnes qui souffrent à présent de la faim et plus de 150 millions d’enfants accusent des retards de croissance, menaçant ainsi l’objectif Faim Zéro. La situation s’aggrave en Afrique où ce sont 241,3 millions de personnes qui sont sous-alimentées, dont 56,1 millions en Afrique de l’Ouest. Par contre, la tendance vers la baisse du taux de sous-alimentation qui caractérisait le continent asiatique semble fortement ralentir.
Une des raisons de cette détérioration est la variabilité du climat et les extrêmes climatiques. « La variabilité climatique affectant le régime des pluies et les saisons agricoles et les événements climatiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations font partie des facteurs clés expliquant la hausse de la faim, sans oublier les conflits et les crises économiques » indique le rapport.
Selon le rapport, de faibles progrès ont été réalisés en matière de lutte contre les retards de croissance chez l’enfant, avec près de 151 millions d’enfants âgés de moins de cinq ans trop petits pour leur âge, en raison de la malnutrition en 2018. Ils étaient 165 millions en 2012.D’un point de vue mondial, l’Afrique et l’Asie représentent respectivement 39 et 55 pour cent du total des enfants accusant un retard de croissance. La prévalence d’émaciation chez l’enfant demeure extrêmement élevée en Asie où presqu’un enfant sur dix âgé de moins de cinq ans pèse peu pour sa taille. Ils sont un sur cent en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Une autre facette de la faim est l’obésité qui touche 672 millions de personnes. En effet, l’obésité chez les adultes s’aggrave et plus d’un adulte sur huit dans le monde est obèse. Le problème est particulièrement grave en Amérique du Nord mais, d’après le rapport, l’Afrique et l’Asie connaissent également une tendance vers la hausse.
La sous-alimentation et l’obésité coexistent dans de nombreux pays et peuvent même être vus côte à côte dans le même foyer. Un accès limité à une nourriture saine en raison des coûts élevés, le stress de l’insécurité alimentaire et les adaptations physiologiques au manque de nourriture permettent d’expliquer pourquoi les familles confrontées à l’insécurité alimentaire sont probablement encore plus vulnérables face aux risques de surpoids et d’obésité.
Les auteurs du rapport appellent à mettre en œuvre et à intensifier les interventions visant à garantir l’accès à des aliments nutritifs et à briser le cercle intergénérationnel de la malnutrition. Les politiques doivent particulièrement prêter attention aux groupes les plus vulnérables face aux conséquences désastreuses d’un accès limité à l’alimentation: les nourrissons, les enfants âgés de moins de cinq ans, les enfants scolarisables, les adolescentes et les femmes.
Source: Centre des médias/OMS